Monaco, News 11 décembre 2025

Attractivité : Monaco structure son offre

by La Rédaction

Ludmilla Raconnat Le Goff, déléguée à l’Attractivité, inaugure un nouveau cycle de concertations avec le secteur privé pour renforcer le rayonnement international de la Principauté.


La Principauté de Monaco engage une nouvelle phase de sa politique d’Attractivité. Lors d’une réunion inaugurale tenue en présence du Ministre d’État, la déléguée en charge de l’attractivité Ludmilla Raconnat Le Goff a présenté sa feuille de route aux représentants du monde économique monégasque. Objectif : faire de Monaco une destination de premier plan pour les entreprises à forte valeur ajoutée, tout en préservant son identité singulière.

C’est une approche résolument pragmatique que la déléguée à l’Attractivité entend déployer. Nommée en septembre 2025 par ordonnance souveraine, Ludmilla Raconnat Le Goff a posé les jalons d’un dialogue structuré entre le gouvernement et les acteurs économiques de la Principauté. « L’idée est vraiment que l’on puisse se parler de tout de façon ouverte, sans langue de bois », explique-t-elle. « C’est peut-être plus facile de parler avec le délégué à l’Attractivité qu’avec un département ministériel. »

Cette première rencontre, qualifiée de « réunion de lancement », marque le début d’un cycle de travail régulier. Les rendez-vous se tiendront toutes les six semaines environ, avec l’ambition de « rentrer dans le concret » plutôt que de « faire défiler une liste de généralités ».

Trois axes fondateurs

 

La stratégie d’Attractivité de Monaco s’articule autour de trois grands axes. Le premier concerne les relations entre l’État et les entreprises. Des retours ont été faits comme « Le gouvernement ne nous écoute pas, les délais administratifs sont trop longs, les procédures sont complexes », . L’objectif est désormais de traiter ces questions de manière très opérationnelle : « Comment simplifier telle ou telle démarche ? C’est véritablement ce genre de choses concrètes que nous voulons aborder. »
Le deuxième axe porte sur les conditions de développement économique. La déléguée évoque la nécessité de faire évoluer certains véhicules juridiques ou textes réglementaires qui ne seraient plus adaptés aux réalités du marché. « Je suis intimement convaincue que pour créer de nouvelles choses propices au développement économique, il faut être à l’écoute du terrain », affirme-t-elle.
Enfin, le troisième pilier concerne l’image et le rayonnement international de Monaco. Un constat s’impose : la Principauté souffre d’une perception partielle à l’étranger. « On connaît Monaco pour une certaine image historique, le glamour, les événements festifs et sportifs. Mais la réalité de notre tissu économique, qui va de l’industrie à la tech. en passant par la finance, n’est pas connue », déplore la déléguée.

Cap sur l’international

Pour remédier à ce déficit spécifique de notoriété, Monaco prévoit d’investir massivement le terrain international dès 2026. « Quand j’explique la réalité économique de Monaco à l’international, les gens disent ‘Ah! Mais on ne le savait pas’ », explique Ludmilla Raconnat Le Goff, qui a récemment participé à des missions à l’international.

La stratégie mise en oeuvre repose sur l’intégration de réseaux internationaux structurés regroupant les agences étatiques en charge de la promotion et de l’attractivité des pays. « Il faut aller voir les bonnes personnes, rentrer dans les bons réseaux, discuter avec nos homologues étrangers », détaille-t-elle. L’objectif n’est pas de copier les modèles existants, mais de s’en inspirer : « Il est essentiel de regarder ce qui fonctionne ailleurs, sans copier un modèle existant. »

Sociétés à forte valeur ajoutée recherchées

Interrogée sur les secteurs prioritaires, Ludmilla Raconnat Le Goff privilégie une approche ouverte mais ciblée:  » les sociétés à forte valeur ajoutée de façon générale ». Mais elle précise: «Je pense qu’il ne faut rien s’interdire par principe »,  tout en mettant en garde contre une sur-spécialisation qui rendrait Monaco vulnérable aux aléas d’un secteur unique.

La Principauté reste néanmoins fidèle à ses domaines d’excellence historiques : la blue economy, les technologies, la finance. Le numérique et ses déclinaisons, notamment l’intelligence artificielle et les applications innovantes, constituent une nouvelle verticale stratégique. « Il faut véritablement étudier les opportunités, et ne rien se refuser », insiste la déléguée.

Cette orientation correspond à la réalité économique de Monaco, dont le PIB a franchi pour la première fois la barre des 10,3 milliards d’euros en 2025, avec une croissance réelle de 8,8 %. Le secteur des activités scientifiques et techniques génère à lui seul 2,4 milliards d’euros, confirmant la sophistication croissante du tissu économique monégasque.

Pas de politique de masse

La déléguée tient à clarifier un point essentiel : Monaco n’entend pas attirer « en masse » de nouveaux résidents ou entreprises. « Je ne vais pas vous dire que demain mon objectif c’est de faire venir 200 nouveaux résidents chaque année. Ce n’est pas tenable. Monaco, c’est deux kilomètres carrés, avec un foncier limité », rappelle-t-elle.

L’enjeu est plutôt de mieux accompagner ceux qui font le choix de s’installer, qu’il s’agisse d’entreprises ou de particuliers. La cellule Attractivité s’organisera autour de trois pôles : un pôle international chargé du rayonnement à l’étranger, un pôle économique et business dédié à l’accompagnement des entreprises, et un pôle résidentiel focalisé sur l’écosystème des résidents.

Le Monaco Private Label

 

Le Monaco Private Label, réseau d’influence créé en 2009 qui compte près de 2 000 membres issus de 60 pays va également évoluer. « Le monde a changé. Aujourd’hui, il faut peut-être l’envisager un petit peu différemment », reconnaît Ludmilla Raconnat Le Goff.
Le profil des candidats à l’installation en Principauté a changé : « Il y a 15 ans, c’étaient peut-être des gens un peu plus âgés. Aujourd’hui, on assiste vraiment à un renouveau générationnel. Ce sont des gens plus jeunes qui travaillent, qui ont des familles, qui ont d’autres attentes. » Une réflexion sera menée au premier trimestre 2026 pour adapter le réseau à ces nouvelles réalités.

Collaboration plutôt que concurrence

La déléguée insiste sur la complémentarité de son action avec les structures existantes, notamment le Monaco Economic Board (MEB), qui représente plus de 600 entreprises adhérentes. « Le MEB mène des actions à l’international au profit de ses adhérents. Notre rôle, c’est une promotion institutionnelle : présenter la vitrine monégasque, promouvoir la Principauté au sens très large », distingue-t-elle.
Les deux structures peuvent toutefois collaborer étroitement, comme lors de la récente mission à Jeddah. « Nos actions ne sont pas antinomiques, bien au contraire. L’idée est véritablement de se coordonner pour arriver au meilleur fonctionnement possible », conclut Ludmilla Raconnat Le Goff.

Un site internet dédié à l’Attractivité devrait voir le jour en 2026, complétant la page LinkedIn déjà active. En attendant, les entreprises monégasques ont rendez-vous dans six semaines pour la prochaine session de travail de ce dialogue inédit entre l’État et le secteur privé.

REPÈRES
Ludmilla Raconnat Le Goff : Diplômée de Kedge Business School, elle a été nommée déléguée en charge de l’attractivité le 8 septembre 2025. Elle était auparavant directrice générale du département des affaires sociales et de la santé.
PIB de Monaco (2025) : 10,3 milliards d’euros, en hausse de 8,8 %
Monaco Private Label : Près de 2 000 membres issus de 60 pays
Monaco Economic Board : Plus de 600 entreprises adhérentes

Jean Cousin