À 300 jours du grand départ du Tour d’Espagne, Monaco dévoile un événement qui achèvera son « grand chelem » cycliste. Entre diplomatie, rayonnement international et marketing territorial, la Principauté peaufine son image de terre du sport d’excellence.

Monaco a officialisé samedi ce qui constitue bien plus qu’un simple événement sportif : l’accueil du grand départ de la Vuelta les 22 et 23 août 2026. Au-delà de l’annonce des parcours, a Principauté déploie toute une stratégie d’image

Le Prince Albert II : « Montrer au monde une autre facette de Monaco »

La présence du Prince Albert II lors de cette conférence de presse a indiqué l’importance de cet événement. Pour le souverain, l’accueil de la Vuelta représente bien plus qu’une simple compétition cycliste. « Au travers de cet événement sportif, nous avons l’opportunité de montrer au monde une autre facette de notre pays, tournée par la promotion du sport et des valeurs du sport », a-t-il déclaré, soulignant ainsi la volonté de Monaco de se démarquer de son image traditionnelle de principauté du luxe et du jeu.

Le Prince a également insisté sur la dimension diplomatique de l’événement : « C’est aussi un très beau lien entre la principauté et l’Espagne. » Une déclaration qui prend tout son sens à l’approche du 150ème anniversaire des relations consulaires et diplomatiques entre les deux pays, que célébrera précisément ce grand départ en 2026.

Après avoir accueilli le Giro d’Italie et le Tour de France en 2009, Monaco s’apprête donc à compléter son triptyque cycliste, confirmant « la profonde passion de Monaco pour le cyclisme ». Le souverain a par ailleurs souligné le caractère exceptionnel de la présentation elle-même : « Traditionnellement organisée à Madrid, les organisateurs ont obtenu la possibilité de cette présentation, qui bénéficiera, vous vous en doutez bien, d’une large couverture médiatique et télévisuelle internationale. » Et cette année consacre la Principauté comme la cinquième capitale mondiale du sport.

Le gouvernement monégasque, a assuré le Prince, apportera « son implication totale et le soutien de toutes ses équipes pour garantir le succès de l’organisation ». L’intégralité du parcours de la Vuelta 2026 sera dévoilée le 17 décembre prochain, et des vœux de succès ont été formulés pour tous les cyclistes, avec une mention spéciale pour Victor Langelotti, espoir monégasque dont le Prince espère la participation à cette édition historique.

Après le Giro en 1966 et le Tour de France en 2024, la Vuelta 2026 complète donc un triptyque que nul autre pays ne peut revendiquer.

Christophe Mirmand, ministre d’État, n’a pas manqué de souligner cette dimension exceptionnelle : « Monaco s’apprête à écrire une nouvelle page de son intense et brillante histoire sportive. » Pour le représentant du gouvernement princier, cet événement s’inscrit dans une continuité séculaire : « Depuis plus d’un siècle, le sport est profondément ancré dans l’histoire de la Principauté. Il est une part essentielle de l’image de Monaco, un élément de son identité et un objet de fierté pour chaque Monégasque et résident. »

Le ministre d’État a particulièrement insisté sur la dimension axiologique de l’événement, révélant ainsi ce que Monaco souhaite projeter d’elle-même : « L’effort, la discipline, le dépassement de soi, le respect de l’autre, le partage, qualité que l’on attache au sport, sont aussi des valeurs universelles que revendique Monaco. » Ce discours volontairement édifiant positionne la Principauté non comme un simple terrain de compétition, mais comme un territoire incarnant des idéaux sportifs. « Cette passion sportive, cette culture de l’engagement, la famille princière en est partie prenante », a souligné Christophe Mirmand, avant d’ajouter : « Par vos actions, Monseigneur, la Principauté s’est ainsi affirmée au fil des décennies comme une terre de sport, labellisée, cette année, capitale mondiale du sport. »

Au-delà de l’aspect purement sportif, Monaco orchestre savamment une diplomatie événementielle. Le ministre d’État a rappelé avec insistance :  » Pour toutes ces raisons, nous nous réjouissons d’accueillir le Tour d’Espagne, une compétition de renommée mondiale qui, en 2026, coïncidera aussi avec le 150e anniversaire des relations diplomatiques entre nos deux pays. » Cette synchronisation n’a rien d’un hasard, elle  permet à la Principauté de renforcer ses liens avec Madrid, dans un contexte où les petits États multiplient les initiatives pour affirmer leur place sur la scène internationale. Christophe Mirement a confirmé que « le gouvernement princier est d’ores et déjà totalement engagé pour préparer ce grand départ ».

L’engagement affiché par les autorités monégasques ne se limite pas aux discours. Le ministre d’État a tenu à remercier « l’ensemble des membres du comité de pilotage La Vuelta Monaco, présidé par Lionel Beffre, ministre de l’Intérieur et conseiller de gouvernement.

Cette structure ad hoc, qui mobilise les plus hauts niveaux de l’administration monégasque, démontre la détermination de la Principauté à faire de ces « deux journées où la Principauté résonnera à l’heure espagnole » un succès logistique et médiatique.

Par ailleurs, Stéphane Valéry, président délégué de la Société des Bains de Mer (SBM), a rappelé le rôle central de l’institution dans le développement sportif de Monaco en déclarant : « Notre groupe, dont l’histoire a été construite autour du jeu, de l’hospitalité, de la culture et de l’entertainment depuis 162 ans, a aussi contribué au développement des sports à Monaco depuis la fin du XIXe siècle ».

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Entre tradition sportive centenaire et ambitions contemporaines, Monaco utilise la Vuelta 2026 comme un instrument de son rayonnement international. En achevant son « grand chelem » cycliste, la Principauté consolide son statut de « capitale mondiale du sport » – un titre qu’elle entend bien faire fructifier au-delà des simples retombées économiques touristiques, en se positionnant comme un territoire de valeurs et d’excellence.