Culture, Monaco, News 11 janvier 2022

« Monaco-Alexandrie », une exposition phare à la Villa Sauber

by Jean Cousin

Du 17 décembre au 2 mai, la Villa Sauber présente une exposition phare : Monaco-Alexandrie, le grand détour. Les sujets emblématiques des villes-mondes et du surréalisme cosmopolite orientent le parcours du visiteur, et définissent les thématiques abordées dans chaque salle du musée.Ce sont Caravane des Chimères, Egyptomania, Insulomania, Monaco-Alexandrie Villes-mondes, et Villes nocturnes. Les oeuvres présentées le sont rarement en Europe, en particulier celles des artistes et surréalistes égyptiens.

Forks-MonacoPour le directeur Björn Dahlström, il s’agit de sa première exposition réalisée pour la Villa Sauber, depuis sa récente nomination : « L’idée, explique-t’il, est de travailler avec les collections de musée, qui sont connues, mais non dans toute leur diversité. La part belle est faite aux fonds patrimoniaux de Monaco, qui sont aussi constitués de collections modernes, afin de les faire dialoguer de manière singulière avec le monde arabe ».

Et d’ajouter : « J’ai rencontré le curateur de l’exposition Morad Montazami dans le cadre de son travail. Connaissant sa maîtrise du sujet et des Modernités, il me semblait intéressant de mettre en relation ces deux points de la périphérie arabe, et de faire dialoguer ces deux formes de périphérie. Ce sont en même temps des lieux importants traversés par de grands artistes qui ont généré des formes d’art spectaculaires. Je pense, pour Monaco, aux ballets de Monte Carlo et à tous les artistes qui en ont accompagné la création. Y figurent aussi des artistes qui ont vécu à Monaco, comme Léonor Fini. L’idée était de choisir ces deux lieux importants et emblématiques, Alexandrie ou Monaco, de les faire dialoguer, et de prétexter de ce titre, afin de pouvoir explorer une histoire alternative du surréalisme et de l’art moderne, en général méditerranéen. Monaco et Alexandrie résonnent, même si ce n’est pas à la même échelle. Ces deux villes présentent beaucoup de points en commun, parce qu’elles sont traversées par un nombre incalculable de nationalités. Et je trouve intéressant ce dialogue, pour pouvoir décloisonner les choses ».

Le curateur de l’exposition Monaco-Alexandrie, Morad Montazami explique que : « L’objectif était de se réapproprier des collections NMNM, renforcées par un certain nombre de photographies de Jacques Henri Lartigue, ou celles de photographes moins connus, en découvrant de petits trésors du fond, restés cachés jusqu’à cette manifestation. Des éléments sur la vie mondaine, le développement du Casino, les spectacles, permettent d’arriver à l’idée que Monaco répond quasiment à la définition de la ville-monde. Alexandrie constitue son pendant méditerranéen. Ces deux villes se rejoignent dans un dialogue insoupçonné. A priori rien ne nous amène à penser à ce dialogue ».

Quels sont les mouvements picturaux et littéraires avez-vous choisi de mettre en avant pour la ville d’Alexandrie ?

« J’ai mis en valeur le rôle de Valentine de Saint-Point, française, chorégraphe, éditrice et poète qui s’est exilée en Égypte en 1924. C’est une femme avec un parcours et un destin exceptionnels, qui a publié des revues. Personnage hybride, mi-française mi-égyptienne, elle a lancé de nombreux réseaux. Elle était préoccupée par l’idée de la chimère. Une salle, dans l’exposition, s’appelle Caravane des chimères, et présente des êtres hybrides. Elle rejoint l’un des grands paradigmes surréalistes. L’idée de la chimère trouve l’une de ses sources chez Valentine de Saint-Point. Dans ce cas, elle dépasse le surréalisme.

Le chef de file des surréalistes égyptiens, et auteur des manifestes, est le grand philosophe, poète, et journaliste Georges Henein. Il fut en dialogue permanent avec André Breton. D’autres artistes contemporains comme Stanislas Lepri et André Pieyre de Mandiargues, réfugiés à Monaco dans les années 39-45, formèrent, pendant la seconde guerre mondiale, un trio avec Léonor Fini. Il est à noter qu’ elle exposa brièvement au Caire en 1951 ».

« Monaco-Alexandrie », une exposition à voir pour son caractère original et singulier, et son approche esthétique et analytique.

Jean Cousin

Monaco – Alexandrie, le grand détour – Villes-mondes et surréalisme cosmopolite
 Du 17 décembre 2021 au 2 mai 2022, NMNM – Villa Sauber
17, avenue Princesse Grace, Monaco