Environnement, Politique 9 décembre 2020

Pour Jean-Louis Grinda « une dimension prospective est nécessaire pour le Fonds de réserve Constitutionnel »

by Jean Cousin

Ce lundi, en conférence de presse, Jean-Louis Grinda, Président d’Union Monégasque a tout d’abord fait un point sur la gestion des mesures prises pour lutter contre la pandémie. Grâce à la création du Comité mixte, une gestion collégiale de la crise a été mise en place. Pour Jean-Louis Grinda les résultats obtenus sont comparables à ceux d’ « une victoire d’étape« , car « elle est collective« . Mais des efforts restent à faire. Il « exhorte le gouvernement à aller plus loin ».,.. »il y a beaucoup d’argent qui a été voté, et je souhaite que cet argent puisse être utilisé au plus vite. Il faut aller plus loin« . Pour le conseiller national, les prévisions budgétaires semblent beaucoup trop élastiques.

A propos du budget de 1,53 milliard il reconnaît: « Je suis particulièrement surpris par la qualité des prévisions budgétaires. Cette année, un budget primitif se situait à un quasi équilibre, puis vint un budget de moins 470 millions, et pour finir l’annonce de 165 millions de déficit… II n’y a pas de richesse produite : c’est un jeu d’écritures ». « La question est de savoir comment sont élaborées les projections budgétaires. Ces recettes ne sont pas suffisamment fiables avec des dépenses qui semblent surévaluées de vingt pour cent« .
 En ce qui concerne le Fonds de réserve Constitutionnel (FRC) Jean-Louis Grinda, estime qu’ accumuler de l’argent n’est pas une fin en soi, car « accumuler de l’argent c’est pour se prémunir d’un risque futur, et garantir notre modèle économique et social. Il est nécessaire de déterminer un objectif sociétal profondément politique. Dans l’intérêt des Monégasques et des résidents, un effort intellectuel s’impose pour créer un consensus national et un grand élan. Il faut penser à une dimension prospective« .

Pour Jean-Louis Grinda des questions demeurent sans réponse.  » Quelle politique publique souhaitons-nous mettre en place, afin de garantir, sur 20 ou 30 ans, un niveau d’investissement et de prestations publiques, sociales, culturelles et environnementales, peu ou prou conforme à celui dans lequel que nous vivons aujourd’hui ? C’est un objectif de réflexion à propos des politiques d’aujourd’hui, et bien évidemment sur celles du futur« .
 
Face au choc que représente pour la Principauté la crise de l’épidémie due au Coronavirus, face à ce type d’événements imprévisibles, Jean-Louis Grinda considère qu’il faut « aider les choix opérés par le Souverain » dans le cadre de la gestion du Fonds Souverain. Quitter la gestion au jour le jour de la crise, l’accompagner par les réunions mixte du gouvernement, du Conseil National, pour gérer avec des objectifs plus pérennes et plus structurés.
 Une gestion plus rigoureuse, dans la gestion du FRC, apparaît nécessaire, afin de renforcer les dispositions qui existent d’ores et déjà. Par exemple celles liées à l’acquisition de biens immobiliers par l’État, avec un mécanisme de taux d’intérêts, lorsque le gouvernement fait appel à des lignes de crédit en provenance du Fonds de réserve Constitutionnel.

Dans un interview exclusif Jean -Louis Grinda a précisé ses positions :

Quel type de structure voyez-vous pour piloter cette réflexion sur le positionnement et les ambitions du Fonds de réserve Constitutionnel ?

Actuellement je préside la commission de suivi du FRC et pour la modernisation des comptes publics. Celle-ci me semble parfaitement apte à travailler sur ces problématiques dans le cadre d’un comité mixte avec le gouvernement.

Dans quel délai ?

La fin de la mandature actuelle me semble suffisante pour définir des axes dans lesquels pourraient se retrouver Conseil National et gouvernement.

Auriez-vous des pistes de réflexion qui s’imposent d’ores et déjà ?

Pour cela, il faut tout d’abord des chiffres fiables. Nous avons de grands chantiers devant nous, en particulier la retraite des fonctionnaires. Ce dossier est actuellement à peine esquissé. Il y a aussi tout le chantier de la dépendance. À cet instant j’ignore ce que va coûter la dépendance, ni en 2030, ni en 2040. En France les estimations existent, mais le financement n’est pas assuré. Pour la Principauté, le dossier n’a pas été réellement ouvert. Globalement nous avons jusqu’en 2023, avant le prochain changement de mandature. La mise à plat me semble raisonnable et envisageable.

Le Fonds de réserve Constitutionnel pourrait-il selon vous, se rapprocher d’un Fonds Souverain ?

Oui c’est mon idée. Que le FRC soit doté d’une personnalité juridique et devienne un véritable Fonds Souverain comme en Norvège par exemple.

Puisque nous évoquons la fin de la mandature, avez-vous pris une décision pour votre engagement politique ?

À cet instant, je n’ai pas vraiment pris de décision. Tout d’abord deux mandats, c’est déjà pas mal. Ces dix ans, dans une vie, cela compte beaucoup. De là à ressentir la nécessité de les prolonger de cinq ans, cela mérite réflexion. Et il faut aussi un projet politique qui puisse être utile à tout le monde.

La nécessité d’une union nationale durant la période de la pandémie a tendance à créer une certaine homogénéisation des positions politiques. Ne voyez-vous pas, à terme, une perte de repères pour l’électorat ?

Effectivement, il y a deux possibilités : soit laisser Primo se présenter en liste unique, avec un saupoudrage au sein de celle-ci de membres d’autres sensibilités, soit créer une liste d’opposition, afin de permettre aux électeurs d’avoir un choix.

Jean Cousin