Monaco, News 1 juin 2022

François Tron expose le projet éditorial d’une chaine de télévision

by Jean Cousin

François Tron, l’ actuel directeur des contenus de la chaine parlementaire du Sénat, était invité par le Monaco Press Club. Auteur de deux livres Le Goût de la télévision (2007), et La Télévision pour les nuls (2010), ancien directeur des programmes de France 2, puis directeur général de la RTBF  François Tron a été interviewé par le journaliste Yann-Antony Noghès, ancien correspondant à Bruxelles de BFM TV.Ce producteur de contenus pour l’émission « Investigations » à la chaine francophone belge RTL TV, de programmes pour la chaine de télévision Monaco-Info, a mené le débat. L’objet de cet échange était de dresser un panorama sur les tenants, les possibilités et les coûts de programmation d’une chaine de télévision monégasque.

Monaco dispose d’une chaine de télévision nationale « Monaco-Info » dirigée par Geneviève Berti. Un partenariat a été mis en oeuvre avec TV5 Monde avec l’ objectif de développer le rayonnement culturel et touristique de la Principauté. Dans ce cadre, une réflexion est engagée par le gouvernement princier sur une chaine de télévision adaptée à ce nouveau projet et surtout le financer.

Pour François Tron, si l’on s’en tient aux chiffres, le panel de coûts est large, en regard des budgets de France-TV à 2 de 3 milliards, de Netflix à 14 milliards, ou de la chaîne Public Sénat à 16 millions d’euros. Ces chiffres, pour certains impressionnants, recouvrent des réalités différentes. Netflix produit des fictions, films et documentaires. Ses budgets rivalisent avec ceux des superproductions hollywoodiennes, et se chiffrent parfois à plusieurs dizaines de millions d’euros pour un programme, un épisode ou un film. Dans le même temps, France 2 produit une fiction pour un coût oscillant entre 750 000 et un million d’euros, dans le cadre d’ un budget annuel dédié aux fictions de l’ordre de 240 millions d’euros. La chaine parlementaire du Sénat fonctionne avec un budget annuel de 16 millions, qui couvre les programmes, les équipes et des frais de diffusion s’élevant à plusieurs millions d’euros.

Comme exemple de coûts de fonctionnement, François Tron, évoque la chaine de télévision belge RTBF, dont-il fut directeur général. Celle-ci est dotée d’un budget total de 300 millions d’euros, avec des frais de personnel absorbant près de 50 % de ce budget. La solution pour diminuer les coûts de production est de faire appel à des sociétés de production afin de diminuer la masse salariale.

L’important est de ne pas omettre que les modèles économiques des différents médias différent aussi beaucoup les uns des autres. Alors que France 2 est subventionnée en quasi-totalité par l’État, Netflix a adopté un modèle de chaine payante sur internet. De même, les chaînes d’informations en France comme LCI et France Info perdent 30 à 40 millions par an, sans que leurs actionnaires ne s’en alarment particulièrement.

Face à l’ensemble des problématiques,  François Tron a souligné que l’orientation d’une chaine de télévision « dépend des ambitions, en relation avec l’adhésion à TV5 », et de « créer une grille avec des équipes polyvalentes ».

De même, des atouts solides existent en faveur du succès d’une chaîne monégasque sur TV5. D’une part, « si c’est de l’info, il y a pas mal d’événements à caractères internationaux ». D’autre part, il y a un volume d’informations culturelles à Monaco qui permet « de donner une réonnance avec vos informations ». Pour François Tron, il ne faut pas omettre d’être également attentif aux nouveaux moyens de diffusion comme Tik Tok ou Facebook, et de « construire des offres différentes avec des productions de format court ».

L’essentiel, selon Francois Tron, réside dans la ligne éditoriale, et les moyens de monétisation de celle-ci. Il suggère de ne pas hésiter à miser « sur des offres éclectiques, tout en gardant son ADN». Il ne s’agit ni plus, ni moins, que d’une invitation aux talents, à la créativité, à la qualité, pour apporter un nouvel angle, et une nouvelle dimension.